Le sort étrange du trolleybus Vétra VBF SGTE n° 666

La SGTE a fait rouler 38 trolleybus Vétra VBF, acquis d’occasion auprès de la RATP (Paris). Le dernier d’entre eux portait le numéro de parc 666… Le numéro du diable ? En tous cas, ce trolleybus a eu une carrière plutôt particulière à Grenoble. Mis en service en janvier 1969, il a été ferraillé en 1972 et a ensuite servi de magasin de pièces de rechanges.

Pourquoi ce VBF SGTE n° 666 a connu un sort si étrange ?

Ce véhicule faisait partie du 1er lot de 6 VBF mis en service par la RATP le 9 mai 1957 sous le numéro de coquille 8111 (nommé dans les autres réseaux français « n° de parc »). La SGTE le racheta mi-1965 avec les 27 VBF du second « lot RATP ». Elle repeint plus tard ce 666 à ses couleurs (rouge et beige) pour le remettre en service à Grenoble en janvier 1969.

Seulement 38 VBF furent construits pour la RATP, sur la base des autobus Berliet PCP/10 datant de 1955, eux-mêmes à silhouette proche des autobus RATP Somua OP 5/3.

Ce trolleybus n°666, une fois à la SGTE, servit d’abord de modèle pour les modifications et améliorations apportées aux VBF et notamment l’élargissement de la porte avant par adjonction d’un demi-vantail.

Par la suite, il y eut en parc plus de trolleybus que nécessaire pour l’exploitation du réseau, et d’autre part ce trolleybus n°666 était garé en bout de remise et donc difficile à sortir. Ces conditions ont fait qu’il n’a plus bougé, jusqu’au jour maudit (est-ce lié au fait qu’il soit numéroté 666 ?) où le chef d’atelier permit qu’on lui empruntât une pièce, à condition bien-sûr, et personne n’en doutait, que dès que la dite-pièce fut réapprovisionnée l’on fasse diligence pour la remonter.

La suite peut être imaginée sans peine : bien qu’un stock important de pièces détachées Vétra furent achetées à la RATP, toute chose à une fin et le nombre de pièces manquantes devint de plus en plus criant. Les prétextes pour soustraire des pièces au n°666 ne choqua plus personne : « Ce trolleybus ne roule jamais, et puis en fin de compte n’ économise-t-on pas de l’argent ? »

Voici comment le 666 a connu un tel sort.

Vétra VBF n° 666 cannibalisé = 29-06-1975°
29 juin 1975 : le VBF n°66 canibalisé est garé sous la remise n°4, devant l’atelier trolleybus
le même trolleybus, au même endroit, le 14 juillet 1977
le même trolleybus, au même endroit, le 14 juillet 1977

Vétra VBR n° 627 cannibalisé = août 1970°
août 1970 : le Vétra VBR n°627, cannibalisé

Un autre trolleybus, le Vétra VBR n°627 de 1947, racheté au réseau CTS de Strasbourg en 1961 et réformé en 1968. Il est garé à l’extérieur du dépôt Anatole France, et est canibalisé.

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